Peter Pan & Wendy

L'équipe Framestore a été chargée de créer et d'animer l'un des personnages de fées les plus reconnaissables de Disney : Tinker Bell, interprétée par Yara Shahidi. Conçue à l'origine dans les années 1950, Tinker Bell se caractérise par sa personnalité espiègle et possède un vaste répertoire de langage corporel et d'expressions faciales qui lui permet de transmettre un large éventail d'émotions et de faire passer son message. Il était essentiel pour l'équipe de reproduire avec précision ces caractéristiques d'expression afin de rester fidèle à ce qui rend Tinker Bell si emblématique et charismatique.

Alors que le reste du casting a été tourné sur un plateau pratique, la petite taille de Tinker Bell signifiait que Shahidi devait être tourné sur une scène de capture. « Pour Tinker Bell, notre principal défi était de créer un digidouble parfait et de transposer l’incroyable interprétation de Yara sur ce personnage aux dimensions féeriques. L'adoption de cette méthodologie a permis de créer un lien convaincant entre les acteurs sur le plateau et Tinker Bell, garantissant des lignes de regard précises et un langage corporel naturel dans leur interprétations », explique le superviseur VFX Nicolas Chevallier.

L'équipe a passé 18 mois à développer Tinker Bell en CG, le travail ayant abouti à l'un des digidoubles de plus haut calibre jamais vu à l'écran. « Créer un digidouble humain hyper réaliste - surtout celui qui passe autant de temps à l'écran que Tinker Bell - est un formidable défi  », déclare Pierre-Loïc Hamon, responsable des créatures. « Vous devez non seulement faire face à la complexité de l’anatomie et des mouvements humains, mais aussi à notre propre familiarité innée avec la nature humaine. Les doubles numériques fidèles à la réalité, comme celui de Yara, doivent être méticuleusement conçus en accordant une attention particulière aux moindres détails - des détails qui ne seront pas nécessairement perçus par l'œil, mais qui déclencheront des alarmes dans le subconscient si vous ne les comprenez pas correctement. La capture de ces détails fractionnaires, de ces manières et de ces micro expressions, a nécessité des technologies de capture de pointe et une refonte de la méthodologie dans plusieurs départements pour garantir que les interprétations de notre Tinker Bell soient aussi nuancées et naturelles que celles de Yara. »

L’équipe a travaillé en étroite collaboration avec des sociétés de cyber scanning, travaillant à l’avant-garde de la capture de visages et de corps pour obtenir une grande quantité de références visuelles et géométriques, tout en tirant parti des capacités d’apprentissage automatique de pointe. Pour le visage, Shahidi a réalisé la gamme complète d'unités FACS (Facial Action Coding System) à l'aide de la cabine de numérisation TIC (de OTOY), ainsi que plusieurs autres entraînements basés sur les spécifications de Framestore, qui comprennent une grande variété de gymnastique de la tête et du cou, de la gymnastique des expressions faciales et de la phonétique, tous enregistrés par des pangrammes utilisant la cabine de capture Medusa d'ILM équipée de huit caméras

Pour résoudre les données capturées sur l'appareil facial CG de Framestore, l'équipe a développé son flux de travail en utilisant le système Dynamic XYZ, un outil de suivi et de reciblage des interprétations d’acteurs basé sur la vision par ordinateur et l'apprentissage automatique. « Cet outil fournit un système de résolution basé sur le machine learning », explique Nicolas Chevallier, superviseur VFX. Nous l'avons formé de manière approfondie tout au long du processus de développement et avons également travaillé en étroite collaboration avec l'équipe Dynamic XYZ pour développer les fonctionnalités nécessaires afin d’obtenir de meilleurs résultats, telles que la possibilité d'utiliser davantage de caméras.

Tout au long du processus, l’équipe d’animation a développé une base de données substantielle de formes et de FACS pour calibrer et créer un profil exhaustif des expressions de Shahidi. Cela a permis à l'outil d'assimiler davantage de données et de garantir la précision lors de la résolution des images. « Nous avons commencé par importer les images de capture de représentation dans le logiciel et choisi des images spécifiques que nous avons considérées comme images de profil », explique Hamon. « Pour chacune des montures de profil, nous avons établi certaines délimitations des caractéristiques du visage, notamment les contours de la bouche et des yeux, les pivots et les points de suivi, les angles articulaires résolus et les courbes de fusion. Nous avons créé plus de 200 cadres de profil et pour chacun d'entre eux, nous avons généré de nombreuses itérations afin d'assembler une base d'expression exhaustive pour Yara, couvrant toute la gamme de ses expressions faciales possibles. Une fois que nous avons eu suffisamment de cadres profilés, nous avons pu suivre les représentations par rapport à notre plate-forme frontale CG ». Ce système de résolution a permis à l’équipe de capturer l’essence de l'interprétation de Yara, qui a ensuite servi de base au travail des animateurs, leur permettant d’affiner le processus entre le suivi et la résolution tout en ajoutant subtilité et précision au CG Tinker Bell.

Pour la représentation corporelle, l’équipe s’est appuyée sur une multitude de références de travail interprétatif, créant une bibliothèque de données complète sur les mouvements du langage corporel de Yara. « Nous avons répété comment Tinker Bell était censée voler et atterrir, ainsi que d'autres caractéristiques du langage corporel », explique Chevallier. "Nous avons ensuite eu plusieurs appels avec le réalisateur David Lowery et le reste de son équipe pour discuter des vidéos de représentations d'acteur que l'équipe aurait besoin que Yara réalise." Au lieu d'utiliser une plate-forme montée, l'équipe d'animation a suggéré que Yara joue Tinker Bell comme s'il s'agissait d'une représentation théâtrale, en surjouant ses mouvements. La plupart des captures prises dans la cabine de numérisation ont été réalisées, là encore, de manière théâtrale, afin de fournir à l'équipe suffisamment de références pour combiner la capture faciale avec le langage corporel approprié.

La transition finale de Yara Shahidi à Tinker Bell a consisté à ajouter progressivement ses caractéristiques féeriques telles que les ailes, la robe, le maquillage, la coiffure et la poussière pixie - la poudre magique ressemblant à des paillettes qui permet à tout ce qui y est recouvert de voler dans les airs. Contrairement aux étapes précédentes qui reposaient sur des références identiques, ce processus nécessitait une approche plus créative pour déterminer le look et le concept adaptés à ses traits de fée. « Notre méthodologie consiste toujours à commencer par correspondre au réel avant d'ajouter progressivement des fonctionnalités supplémentaires », explique Chevallier. « Yara a été scannée plusieurs fois, d'abord sans aucune caractéristique supplémentaire, puis avec du maquillage, suivi de l'ajout d'une coiffure, etc., afin d’obtenir le résultat réaliste souhaité. »

Pour créer la robe de Tinker Bell, l’équipe disposait d’une véritable référence qui a servi à scanner Yara et, par conséquent, servir de base. Le concept de la robe devait être aligné sur le look de la tenue de Peter Pan, faite de lichen. Les équipes de Framestore ont utilisé de nombreuses sources naturelles comme des plantes, des lichens, des algues et des fleurs comme références pour créer la structure et l'aspect de la robe avec un très haut niveau de détail. « Nous avons suivi une approche empirique », explique Hamon. « Plutôt que de créer un tissu avec une cartographie de texture pour illustrer cette sensation de tissu transparent, nous avons décidé de créer des échantillons de tissu 3D à base de fibres de toilettage. Plus précisément, nous avons établi un motif de fibres entrelacées que nous avons ensuite répété sur des surfaces, ce sont donc bien des fibres géométriques. Nous avons répété le même principe pour le buste. Nous avions une base géométrique et avons recouvert toute la surface géométrique de différents types de mousse végétale. L'équipe a également ajouté des fleurs de minuit pour recouvrir la robe, avec des pistils luminescents qui émettent de la poussière pixie, créant un effet magique autour de Tinker Bell. L'idée derrière la conceptualisation par Framestore de la tenue de Tinker Bell était de soutenir la représentation et d'y apporter une magie féerique en créant une robe vraiment enchanteresse.

Les ailes ont joué un rôle essentiel dans l'interprétation artistique, permettant à Tinker Bell d'exprimer ses émotions et ses réactions de manière dynamique et puissante. En battant des ailes, Tinker Bell a pu transmettre toute une gamme d'émotions, de la joie à la tristesse, ainsi que de mettre en valeur ses réactions. Pour créer la forme des ailes, l’équipe a utilisé comme référence un spécimen spécifique de papillon aux ailes transparentes, tandis que les mouvements et la vitesse étaient basés sur des références de libellules. « Animer les mouvements rapides des ailes était un véritable défi car il y avait plusieurs battements par image et entre les images également », explique le superviseur de l'animation Laurent Laban. « Nous avons développé un nouveau système pour réduire les temps d'animation et de rendu. Avec ce système, les animateurs pourraient modifier les caractéristiques de déformation des ailes, telles que la torsion, la courbure, l'amplitude des volets et de la vitesse, en ajustant quelques courbes d'animation en fonction de la fréquence des volets. Ces changements subtils ont permis aux animateurs de générer rapidement un grand répertoire de mouvements. »

Un autre défi auquel l'équipe a été confrontée a été de réduire l'actif à sa taille féerique dans les tirs. Initialement, Tinker Bell a été créée à la taille d'une personne réelle, puis réduite à 1/20ème de sa taille d'origine. « Cela a apporté quelques contraintes techniques aux équipes d'animation et de layout en termes de précision, de mise en scène et de positionnement du personnage par rapport à la caméra et au reste des acteurs », explique Hamon. « Les équipes ont dû effectuer cette tâche avec le plus grand soin pour garantir l’exactitude et la cohérence du résultat final. »

Framestore a développé un outil spécialisé appelé FIRA pour la déformation corporelle en temps réel, qui a aussi facilité la fourniture de commentaires par l'équipe créative de Disney. Cet outil a permis à l'équipe d'animation d'obtenir des résultats précis dans la fenêtre d'affichage pour tous les détails complexes essentiels à la création de représentations CG exceptionnelles, permettant ainsi un retour d'information plus efficace et plus critique.

Framestore a apporté davantage de ses compétences magiques en VFX à Neverland pour réaliser la vision personnelle de Lowery. Pour rester fidèle à l'histoire originale et transmettre le sentiment enchanteur d'émerveillement et d'aventure qui a rendu l'histoire de Peter Pan si classique, Framestore a créé des environnements épiques et a donné vie à des personnages comme le féroce crocodile Tick-Tock et Nana, la nounou.

Tick-Tock, le crocodile emblématique qui a avalé une horloge et a constitué une menace récurrente pour le Capitaine Hook. « L'un des thèmes clés de Tick-Tock était qu'il devait se fondre dans son antre escarpé de Skull Island », explique Chevallier. « Pour y parvenir, nous avons entrepris un travail approfondi de conception 2D et 3D pour essayer de trouver le bon mélange entre la peau, le cuir, les textures d'écailles et la roche. » L'équipe a cherché à transmettre l'idée que Tick-Tock vivait dans la grotte depuis extrêmement longtemps, c'est pourquoi il a de la mousse et des algues sur ses écailles. De plus, il a également dû porter des cicatrices obtenues lors de batailles précédentes. « Nous avons d'abord créé une version hyper réaliste d'un crocodile de huit mètres, puis nous avons ajouté quelques caractéristiques pour mettre en valeur certains traits », explique Chevallier. « Par exemple, nous voulions que Tick-Tock soit moins intimidant, alors nous lui avons donné un œil maladroit et une grosse dent tordue. »

La contribution de Framestore à Peter Pan & Wendy témoigne des talents exceptionnels et de la diversité des capacités de l'équipe. En plus de donner vie aux personnages emblématiques et à certains environnements de Neverland avec précision et souci du détail, l'équipe avait également pour tâche de créer d'autres éléments essentiels pour réaliser la vision du réalisateur. Cela incluait le personnage bien-aimé de Nana, la nounou du chien, ainsi que les sirènes androgynes qui ajoutaient à la magie et au charme du film. Parallèlement à ces créations, le travail de l'équipe sur la scène emblématique du vol au-dessus de Londres et les détails complexes du bateau pirate Jolly Roger ont mis en valeur leurs compétences exceptionnelles et leur dévouement à leur métier.

« Le dévouement inébranlable de David et sa réceptivité aux contributions de toute l'équipe ont créé un environnement dynamique et engageant pour une collaboration extraordinaire qui a abouti à des images incroyables », conclut Mark Curtis.

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